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Le 13 mars 2024 au matin, un riverain de la ligne de tramway T13 a signalé des bruits anormaux à hauteur de Saint-Nom-la-Bretèche (78) lors du passage des trains sur les rails. En se rendant sur place à la suite de ce signalement, l’équipe de maintenance de l’opérateur privé Transkéo a découvert que deux éclisses n’étaient pas vissées et reposaient à même le ballast (cf. photo). Les circulations ont été immédiatement suspendues pour procéder aux réparations.

Il s’agit d’un incident grave de sécurité qui aurait pu entraîner, selon les experts de l’art, le déraillement d’un train. Pour rappel, le déraillement de Brétigny-sur-Orge, survenu le 12 juillet 2013 et qui a coûté la vie à 7 personnes, avait été provoqué par la défaillance d’une éclisse.

Cette découverte a déclenché une enquête interne à l’opérateur Transkéo et au sein de SNCF Réseau qui a permis d’établir que ce défaut à perdurer pendant plusieurs jours d’exploitation. En effet, les investigations ont révélé que ce défaut majeur de sécurité aurait pu être causé dans la nuit du 5 au 6 mars 2024, soit 7 jours avant sa découverte. Ainsi, d’après nos calculs, plus de 420 trains ont emprunté cette portion de la ligne et sont passés sur cette jonction de rail sans éclisse durant ces 7 jours.

Le retrait de cette éclisse a été opérée par un prestataire privé de SNCF Réseau dans la nuit du 5 au 6 mars. D’après nos informations, la vérification de fin de chantier entre l’entreprise privée en charge des travaux et SNCF Réseau n’a pas été faite avant la reprise des circulations du T13 le 6 mars matin.

Grâce au signalement d’un riverain, un accident ferroviaire majeur a été évité. Il s’agit, de notre point de vue, d’un élément extrême grave et préoccupant. Un incident dont les usagers n’ont nullement été informés. D’ailleurs, l’information donnée aux voyageurs lors de la découverte de la situation était laconique et annonçait « une panne sur les installations du gestionnaire de réseau ». 

Cet incident intervient sur une ligne inaugurée en juillet 2022, l’une des premières lignes privatisées d’Ile-de-France, confiée par Ile-de-France Mobilités à Transkéo, filiale de droit privé de Keolis. Il intervient aussi après des années d’alertes de la part des syndicats de cheminots qui s’inquiètent de la faiblesse des moyens de SNCF Réseau et de la progression de la sous-traitance.

Cet incident, classé « événement de sécurité remarquable » par SNCF Réseau, illustre les dérives du recours à la sous-traitance et la faiblesse des moyens humains de SNCF Réseau pour assurer la sécurité ferroviaire des usagers et des cheminots.

Alors que la sous-traitance se développe dans la maintenance et que la privatisation de l’exploitation des lignes ferroviaires franciliennes s’accélère, cet incident n’augure rien de favorable pour la sécurité ferroviaire en Ile-de-France.

Devant la gravité de cet incident, nous avons demandé en avril 2024 – au Ministre des Transports, à la Présidente d’Ile-de-France Mobilités, aux PDG de SNCF Réseau et de Transkéo – que tous les éléments relatifs à cet incident et plus largement sur le niveau de sécurité ferroviaire en Ile-de-France soient rendus publics. A 15 jours des Jeux Olympiques et à la veille de la commémoration de l’accident ferroviaire de Brétigny, ces alertes sont restées sans réponse.

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