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“”Le mouvement de grève des « Transdev », une ampleur inédite chez les opérateurs privés d’Ile-de-France depuis 1995.

Le mouvement a débuté début septembre 2021. Dès le 2 septembre, les dépôts de Lieusaint, Combs-la-Ville et Cesson rejoignent le mouvement. Le 6, le dépôt de Vaux-le-Pénil se met en grève… C’est le début de longues semaines de combat.

Dès le début du mouvement, les revendications ont porté sur la nouvelle organisation du travail issue de la réorganisation de l’offre et du réseau de transport. Ces modifications interviennent dans le cadre d’un nouveau contrat entre Ile-de-France Mobilités et Transdev, retenu à la suite d’une procédure d’appel d’offres qui l’a reconduit dans l’exploitation du bassin de Melun Val-de-Seine notamment.

D’après les salariés, cette nouvelle mouture du contrat vient augmenter la production sans moyen supplémentaire. Cette méthode, fréquente en Ile-de-France, implique une nouvelle organisation du travail : augmentation des amplitudes horaires de travail ; augmentation des journées avec « coupure » c’est-à-dire avec une pause méridienne non-payée pouvant atteindre plusieurs heures entre deux services ; augmentation des rotations et diminution des temps de pause jusqu’à compromettre l’accès aux commodités pendant une demi-journée de service, etc. Par ailleurs, les salariés expriment régulièrement des pertes de salaires ce qui a été démenti par les directions de plusieurs dépôts… puis confirmé !

Les dépôts de Vaux-le-Pénil, de Lieusaint et de Combs-la-Ville ont connu des taux de grévistes oscillant entre 66% selon la direction et 100% selon les salariés.

Progressivement, plusieurs nouveaux dépôts rejoignent le mouvement : des dépôts du bassin de Melun Val-de-Seine mais également au-delà dans les bassins de Marne-la-Vallée (dépôts de Bailly-Romainvilliers et Lagny-sur-Marne). Des grèves perlées sont également menées dans un autre bassin, autour de Montereau-Fault-Yonne et de Moret-sur-Loing (réseau dit « Interval »). Des alertes sociales ont été déposées ces derniers jours sur les réseaux de Meaux et de Chelles. L’ensemble de ces réseaux sont exploités par Transdev.

Indépendamment de la situation en Seine-et-Marne, un autre réseau exploité par Transdev connait également un mouvement de grève, celui de Saint-Gratien dans le Val-d’Oise.

Après un mois de mobilisation, des résultats minimes pour les salariés.

Le syndicat majoritaire dans les dépôts nommés précédemment est Solidaires. De nombreuses personnalités de gauche apportent leur soutien au mouvement. Les grévistes peuvent compter, depuis le premier jour, par un soutien discret mais constant des élu.es PCF de Vaux-le-Pénil.

Sur proposition des Conseillers régionaux PCF, les grévistes ont organisé un rassemblement devant le Conseil d’Administration d’Ile-de-France Mobilités du 14 septembre. A cette occasion, un vœu déposé par les élus PCF permet d’inscrire le sujet à l’ordre du jour et demande une rencontre des grévistes par Ile-de-France Mobilités. Valérie Pécresse affirme à cette occasion « convoquer Transdev » pour demander des explications. Une réunion se tient le jour même entre les grévistes et la Direction d’Ile-de-France Mobilités. A cette occasion, les élus régionaux PCF demandent la nomination d’un médiateur, suggestion qui accueille un avis favorable de la part de Valérie Pécresse.

Le premier mois de grève a été ponctué de plusieurs événements significatifs :

  • 9 septembre, dépôt d’un vœu PCF au Conseil d’Administration d’Ile-de-France Mobilités demande une rencontre en urgence avec les grévistes et Valérie Pécresse.
  • 10 septembre, venue de Céline Malaisé et de Fabien Guillaud-Bataille.
  • 13 septembre, venue d’Olivier Besancenot.
  • 14 septembre, rassemblement à Saint-Ouen en présence de Pierre Laurent et Eric Coquerel puis, rassemblement devant le siège régional de Transdev à Issy-les-Moulineaux.
  • 15 septembre, venue de Jean-Luc Mélenchon.
  • 16 septembre, questions orales du PCF et de LFI en séance du Conseil régional, Valérie Pécresse prend ses distances et affirme que Transdev est une entreprise publique…
  • Semaine du 18 septembre, première rencontre avec la médiation.
  • 20 septembre, dépôt d’une question écrite au Gouvernement par Pierre Laurent.
  • 27 septembre, rassemblement à Melun en présence notamment de syndicalistes CGT RATP, Sud Rail, etc.
  • 28 septembre, la presse annonce le départ du Directeur régional de Transdev.
  • 5 octobre, nouveau rassemblement devant le siège du Conseil régional, participation à la manifestation parisienne.
  • 6 octobre, venue d’une délégation de salariés grévistes au Sénat. 
  • 11 octobre : Conseil d’Administration d’Ile-de-France Mobilités, Valérie Pécresse dépose le “voeu de la honte” qui appelle l’Etat à faire usage de la force contre les salarié.es grévistes. L’Etat ne donne pas suite à ce coup bas.
  • 15 octobre : réunion de négociations avec la direction en présence de Pierre LAURENT, Laurence COHEN, Pascal SAVOLDELLI, Céline MALAISE et des élu.es PCF de Seine-et-Marne dont Sylvie FUSCH, Vincent BENOIST, Marianne MARGATE, Alain MASSON, etc.
  • 22 octobre ; nouvelle séance de négociations entre les salarié.es et la direction. Déplacement de soutien de Cécile DUMAS, Conseillère régionale d’Ile-de-France.
  • 22 octobre : Fabien GUILLAUD-BATAILLE, Administrateur PCF d’Ile-de-France Mobilités, demande la démission de la direction du dépôt de Vaux-le-Pénil.

 A l’issue de ce mois de mobilisation, le mouvement semble être à un tournant.

Sur site, la mobilisation ne faiblit pas et d’autres dépôts semblent prêts à rejoindre le mouvement.

Toutefois, l’éparpillement des sites en grève et l’intervention des directions respectives des dépôts favorisent la fragmentation des revendications et des propositions patronales diverses…

Au cours de la 6ème semaine de conflit, Transdev daigne enfin écouter les revendications des salariés. Malgré l’intervention des services de l’Etat, de l’Inspection du Travail et d’élu.es, les discussions s’éternisent. Seuls deux dépôts signent à un accord. Au cours de la 7ème semaine de conflit, un dialogue a pu s’engager au dépôt de Vaux-le-Pénil mais un dialogue de sourd. Jouant la carte de la division du front syndical, la direction du dépôt a trouvé un accord minimal. 

Une majorité de conductrices et de conducteurs ont repris le travail en 8ème semaine de grève… avec un goût amer. Le combat continue pour mettre en échec les délégations de service service low cost et pour des conditions de travail dignes pour tou.tes.

 

Manifestation devant le siège du Conseil régional le 14 septembre 2021

Avec les Sénatrices et Sénateurs PCF à Melun durant les négociations

TRANSDEV Céline Malaisé, les Sénateurs PCF et élus locaux rencontrent les services de la Préfecture à Melun

Les Sénatrices et Sénateurs PCF ont reçu une délégation des salariés Transdev au Sénat

Déplacement de soutien à Vaux-le-Pénil le 10 septembre 2021

Question de Fabien GUILLAUD-BATAILLE à Valérie PECRESSE le 22 septembre

Déplacement de soutien à Melun le 22 octobre

Un mouvement qui s’inscrit dans le cadre de la mise en concurrence des transports collectifs en Ile-de-France.

Le règlement européen OSP adopté en 2007, les directives qui en ont suivi, leur traduction dans le droit français sous la forme de « paquets » successifs ont permis aux autorités organisatrices des transports de revoir les contrats de service public.

Ces paquets législatifs successifs ont connu des interprétations différentes en fonction des états. En France, la délégation de service public – présente hors de l’Ile-de-France depuis plusieurs décennies – s’est affirmée comme un mode de gestion privilégié des autorités organisatrices de transport au détriment des régies.

En Ile-de-France, l’absence de choix d’une régie régionale intégrée, la transformation statutaire de la SNCF et de la RATP, la pression des opérateurs privés (notamment ceux du réseau Optile) et de services administratifs ont favorisé le concept de mise en concurrence dès la fin des années 2000 au détriment des monopoles RATP/SNCF et de l’organisation d’Optile pour les bus hors de l’ancien Département de Seine-et-Oise.

Pour appel, le Syndicat des Transports Parisiens sera décentralisé le 15 mars 2006 et sera désormais présidé par l’exécutif régional.

La retranscription ample et tardive des directives européennes dans le droit français avait esquissé un calendrier protégeant le plus les droits de lignes de la RATP et de la SNCF. Les droits de lignes devaient « tomber » progressivement entre 2029 (bus), 2034 (tram) et 2039 (métro, RER et transilien).

Deux événements vont remettre en cause ce calendrier :

  • La loi n°218-515 du 27 juin 2018 pour un nouveau pacte ferroviaire. Cette loi a permis aux libéraux d’accélérer une seconde fois le calendrier de « mise en concurrence » et donc de démantèlement de la RATP et de la SNCF.
  • La loi LOM pour laquelle Valérie Pécresse a déployé un lobbying actif.

La loi n° 2018-515 du 27 juin 2018 pour un nouveau pacte ferroviaire (NPF) prévoit l’ouverture à la concurrence des lignes de transport ferroviaire régional de voyageurs, avec un calendrier spécifique à la région Île-de-France s’étalant de 2023 à 2040 pour les services créés avant le 3 décembre 2019.

Ainsi, la loi prévoit la mise en concurrence des lignes Transilien (hors RER) par l’Autorité Organisatrice à partir du 1er janvier 2023 et au plus tard le 31 décembre 2032.

Concernant les RER, la loi prévoit la mise en concurrence pour le RER E à partir du 1er janvier 2025 et au plus tard le 31 décembre 2039 et pour les RER C et D à partir du 1er janvier 2033 et au plus tard le 31 décembre 2039. Pour les RER A et B, coexploités entre SNCF et RATP, la mise en concurrence est prévue au 31 décembre 2039.

C’est dans ce contexte que Valérie Pécresse a fait le choix d’accélérer le calendrier de mise en concurrence des lignes en Ile-de-France avec 5 axes :

  • Les TRAM, le laboratoire de la privatisation/mise en concurrence : imposer la filiale dédiée à l’exploitation interdisant ainsi aux EPIC de répondre, attribution en 2018 de la première ligne structurante au privé, le T9 Paris-Orly à Keolis.
  • TRANSILIEN SNCF : Adoption d’un calendrier de mise en concurrence plus volontariste que la loi.
  • RER A/ B RATP ET METRO : Attendre le plus longtemps possible, pas d’anticipation pour l’instant, crainte du front syndical.
  • BUS RATP : Attendre les régionales puis préparer le terrain à l’allotissement.
  • BUS OPTILE : Redéfinition des périmètres des bassins, passage de 150 à une cinquantaine de bassins. Mise en place d’une nouvelle génération de contrat (en DSP) pour tenir compte de cette évolution.

Sur le réseau Optile, ce mouvement entraine un « rebattage » complet des cartes, inédit des opérateurs en Ile-de-France.

Après 10 DSP nouvelles, force est de constater que les opérateurs déjà en place sont généralement reconduits et Transdev en a emporté une majorité.

Le Code des marchés publics oblige les donneurs d’ordre a privilégié l’offre la « mieux disante ». Cette obligation se traduit souvent par le choix de la « moins disante ».

Par ailleurs, Ile-de-France Mobilités attribue les contrats de DSP en fonction, principalement, du prix proposé : le montant de la DSP compte pour 45% de la note qui sert à la rédaction du rapport d’analyse des offres.

Ces deux éléments tentent à favoriser une concurrence vive entre les opérateurs dont certains cassent les prix. Le manque de recul et la crise sanitaire ne permettent pas d’affirmer, pour le moment, un « rattrapage » des prix cassés par des avenants une fois le marché attribué comme cela peut se vérifier en province ou à l’étranger.

En revanche, le recul permet d’affirmer que ce système encourage le dumping social et des prix compressés au détriment des conditions de travail (Transdev Melun Val-de-Seine) voire de la sécurité des salariés et des usagers (cas symptomatique du tramway T9 exploité par Keolis).


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