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TRIBUNE. “Déconfinement de l’Ile-de-France : halte à l’improvisation”

27 Avr 2020 | Lettres publiques, Publications

TRIBUNE pour le JDD : “Déconfinement de l’Ile-de-France : halte à l’improvisation”

Propositions dans une tribune pour le JDD sur les transports en commun, les établissements scolaires ou encore les campagnes de dépistage.

https://www.lejdd.fr/Politique/tribune-deconfinement-de-lile-de-france-halte-a-limprovisation-3964311

 

L’Ile-de-France est le premier foyer épidémique français, avec près de 40% des malades du pays. Le nombre de décès y a augmenté de 72% par rapport à l’an passé. Tous les départements franciliens connaissent une surmortalité de plus de 50%. De nombreuses familles sont endeuillées, la peine et les inquiétudes voilent l’avenir. La situation de nos aînés dans les EHPAD nous effraye. Nos communes, nos départements et la Région ont fait et font face aux urgences.

Si le confinement a réduit la propagation du virus et le nombre de malades, la perspective d’un déconfinement posée par le Président de la République sans plan détaillé nous inquiète fortement.

“Les besoins en lits de réanimation franciliens seraient 40 fois supérieurs à ceux existants.”

L’étude de l’Inserm sur les conditions de la levée du confinement en Ile-de-France étudie divers scénarii et est tout aussi inquiétante. Sans mesures spéciales, elle indique que les besoins en lits de réanimation franciliens seraient 40 fois supérieurs à ceux existants. Ce serait une catastrophe sanitaire et humaine. Nous élu.e.s locaux avons à cœur de protéger les populations, de garantir leur sécurité sanitaire et sociale.

Il est donc indispensable que la sortie du confinement soit accompagnée du maximum de protections pour sauver des dizaines de milliers de vies et non guidée par des seuls impératifs économiques et financiers. L’étude de l’Inserm rappelle que la levée du confinement ne peut être possible qu’avec une politique de tests très active couplée à un isolement des cas positifs pour briser les chaînes de contamination.

C’est indispensable, mais en Ile-de-France il faut aller plus loin. Instruits par la pénurie de moyens de protection pour les soignants, aucunement rassurés par les déclarations présidentielles et gouvernementales, dubitatifs sur la capacité de l’État à fournir des masques, non renseignés sur la stratégie sanitaire réelle de l’État, nous, élu.e.s régionaux, départementaux et municipaux franciliens, nous formulons des propositions pour l’action commune.

Il nous faut limiter au maximum les risques de transmission, en particulier dans les transports publics utilisés auparavant tous les jours par 5 millions d’usagers. Il faut tout faire pour que les usagers soient, dans un premier temps, beaucoup moins nombreux pour respecter la distanciation physique, soit moins de 1 million par jour. Il faut aussi qu’ils soient protégés, et que l’Etat leur fournisse des masques de qualité, quotidiennement dans les gares de Transilien, RER et les stations de métro.

“Il faut créer très vite des pistes cyclables temporaires dans toute la Région”

Le télétravail, après le 11 mai et jusqu’à l’été, devra être maintenu à un niveau très élevé. Pour éviter que l’Ile-de-France ne devienne un embouteillage géant, il faut donner en urgence les moyens d’augmenter massivement le nombre de déplacements à vélo et à pied.

Il faut créer très vite des pistes cyclables temporaires dans toute la Région et augmenter l’espace réservé aux piétons dans les espaces très urbanisés.

Le 11 mai, les opérateurs de transport public ne pourront fournir qu’une offre de transport réduite de moitié par rapport à la normale. Est-il raisonnable de ne pas attendre qu’ils aient pu l’augmenter de façon plus importante ? Nous ne le pensons pas.

“Les établissements ne peuvent pas devenir des foyers épidémiques”

Concernant la réouverture des crèches, écoles, collèges et lycées, la condition sine qua nonest la sécurité physique et morale des enfants et des personnels qui doivent disposer de moyens de protection notamment de masques fournis par l’État. Le flou gouvernemental et la délégation de la responsabilité à nos collectivités inquiètent. Nous entendons et partageons les craintes des parents et de leurs fédérations, celles des enseignants,  des agents territoriaux et de leurs syndicats. Les établissements ne peuvent pas devenir des foyers épidémiques et les enfants des vecteurs de transmission du virus dans les familles. Aucune étude n’avait envisagé un retour à l’école avant septembre encore moins dans le cluster francilien.  Ce que nous exigeons est un plan d’action intégrant des garanties sur l’entretien des locaux et l’approvisionnement en masques, blouses, gants et tests car l’ouverture d’une école engage la puissance publique. C’est seulement à ces conditions qu’il est envisageable d’ouvrir les écoles.

D’autre part, les lycéens sont nombreux à emprunter les transports publics. Peut-on envisager rouvrir rapidement les lycées sans qu’ils puissent les rejoindre via d’autres modes de transport, comme le vélo ? Cela ne nous paraît pas non plus raisonnable.

“Il nous faut définir ensemble les conditions du déconfinement.”

Le déconfinement en Ile-de-France ne pourra être que très progressif, et plus tardif que dans le reste du pays. Nous appelons à la plus grande prudence et à prendre le temps d’une large concertation entre l’Etat et les collectivités. Il nous faut définir ensemble les conditions du déconfinement. Pour nous cela ne nous apparaît pas possible sans une offre de transport public très conséquente, sans une campagne massive de tests, sans des distributions très larges de masques, sans la création d’un réseau très important de voies cyclables temporaires et sans une transparence entière de l’Etat.

La levée du confinement, conformément aux conseils des scientifiques, doit s’accompagner d’une politique massive de dépistage couplée à un isolement des personnes positives. Plusieurs de nos collectivités ont déjà proposé des lieux d’isolement hors domicile, d’autres des centrales d’achat ou une mobilisation du tissu local de TPE ou PME pour produire des moyens de protection…

Ensemble, nous devons, dès à présent, anticiper et mettre en commun nos moyens pour acheter des tests, organiser la logistique humaine et matérielle d’un dépistage massif, définir les cohortes, suivre humainement les chaines de transmission pour les interrompre… A l’instar de ce que la région Grand Est met en place, nous proposons la création d’une société d’économie mixte (SEM) qui regrouperait la Région, les départements et les communes franciliennes ainsi que des acteurs publics et privés pour déployer un dépistage massif indispensable à la levée du confinement. Le temps presse, il faut le décider dans les jours qui viennent pour être en capacité de mieux protéger nos concitoyens, d’enrayer la transmission de ce virus et pour pouvoir continuer à vivre.

Signatures :

Céline Malaisé, Présidente du groupe Front de gauche à la Région Ile-de-France

Christian Favier, Président du Conseil départemental du Val-de-Marne (94)

Ian Brossat, conseiller de Paris PCF (75)

Jacqueline Belhomme, maire de Malakoff (92)

Patrice Bessac, maire de Montreuil (93)

Marjolaine Rauze, maire de Morsang-sur-Orge (91)

Charlotte Blandiot Farid, maire de Mitry-Mory (77)

Pierre Barros, maire de Fosses (95)

Nelly Dutu, maire de La Verrière (78)

 


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