La RATP a dévoilé hier les nouveaux montants des amendes en cas de fraude ou d’oubli de validation des titres de transports. Il s’agit d’une traduction concrète des instructions faites aux opérateurs de transports par Ile-de-France Mobilités pour tenter de réduire la fraude dans les transports.
En effet, jeudi 13 février, Valérie Pécresse a présenté à la presse un « plan de lutte contre la fraude » dans les transports d’Ile-de-France. Ce plan n’a jamais fait l’objet d’une délibération du Conseil d’Administration d’Ile-de-France Mobilités : il était destiné à mettre la pression sur les opérateurs de transport, RATP et SNCF en tête.
Valérie Pécresse, championne de la fraude toute catégorie
Ce plan de communication a été dépêché pour cacher la réalité. En effet, la fraude dans les transports n’a jamais autant progressé que sous la Présidence de Valérie Pécresse ! Le manque à gagner pour l’autorité organisatrice était estimé à 400 millions d’euros en 2015 et atteindrait à présent 700 millions d’euros.
Cette progression est en totale contradiction avec l’ambition et la fermeté affichée par Valérie Pécresse lorsqu’elle était avant 2016 députée, autrice d’une proposition de loi sur le sujet et opposante au Conseil régional. Pour rappel, elle promettait en 2015 une action « implacable » contre la fraude et annonçait 100 millions d’euros de recettes nouvelles grâce à cela.
Bilan médiocre sur le front de la lutte contre la fraude
10 ans plus tard, son bilan est médiocre. La situation s’est fortement dégradée et il est logique que Valérie Pécresse tente de se sortir de ce mauvais pas. Or, les causes de cette montée en puissance de la fraude ne sont nullement analysées. A aucun moment, Valérie Pécresse établit un lien entre augmentation sans précédent de la fraude avec celle sans précédent des tarifs sous sa présidence.
Engluée sur le front de la lutte contre la fraude, Valérie Pécresse choisit la diversion en accusant les opérateurs publics RATP et SNCF d’agir moins efficacement que les opérateurs privés. Elle ose même vanter les résultats en la matière, obtenus par des exploitants de bus de grande couronne. Cette stratégie ne trompe personne ! Mieux, les chiffres démontrent que ces accusations sont infondées sur le réseau de bus.
Les amendes, nouvel outil du bashing contre les entreprises publiques de transport
Ce mois de mai a été émaillé de polémiques suite à l’augmentation des contrôles, comme demandé par Ile-de-France Mobilités aux opérateurs et annoncée par Valérie Pécresse le 13 février 2025.
Des exemples absurdes de verbalisation (une usagère avec une plante dans le métro, un usager avec de grosses valises…) ont été utilisés pour pointer du doigt la RATP, passant sous silence d’où venaient les ordres. Nous dénonçons ce traitement de l’information qui stigmatise les entreprises publiques et épargne le donneur d’ordre : Ile-de-France Mobilités.
Une politique du chiffre et de matraquage à la demande d’Ile-de-France Mobilités
L’augmentation du montant de l’amende pour non-validation de son titre de transport, passant de 5€ à 15€ en paiement immédiat et de 55€ à 65€ en paiement différé, suscite une vive réaction, légitime. Il est absurde de verbaliser davantage ceux qui détiennent un titre de transport, singulièrement après les hausses historiques des tarifs des dernières années.
Cette majoration des amendes répond à la demande d’Ile-de-France Mobilités d’augmenter le taux de validation à bord, demande pour laquelle l’incitation financière aux opérateurs a été renforcée… par Ile-de-France Mobilités.
Les tarifs des amendes ne sont toutefois qu’un des aspects du matraquage que Valérie Pécresse a souhaité. Aussi, les bénéficiaires de tarifs sociaux font l’objet de contrôles renforcés. Cela s’ajoute à l’accroissement des difficultés et des délais dans l’obtention des tarifs Imagine R et Solidarité Transports. Ce matraquage risque de produire l’effet inverse et d’augmenter la fraude…
Valérie Pécresse reproduit les mêmes méthodes que celles qui ont échoué depuis 2015. De plus, les mesures nouvelles de lutte contre la fraude sont prises sans analyse de la réalité de la fraude, des facteurs qui incitent la fraude et de l’impact des hausses historiques des tarifs de transport.
Pour notre part, seul le renfort de la présence humaine dans les transports, l’évolution de la tarification (en direction notamment des plus précaires et des jeunes) et la facilitation du recours aux droits restent les leviers les plus puissants pour réduire la fraude dans les transports.