Mercredi 2 juillet, Valérie Pécresse organisera des assises de la décarbonation des bus. Une énième opération de communication destinée à masquer les défaillances d’Ile-de-France Mobilités concernant le retard considérable pris concernant la transition énergétique des bus.
Le 5 février 2025, Valérie Pécresse affirmait durant une visite ouverte à la presse que « fin 2025, 100% de nos bus seront décarbonés ». Il n’en sera rien : nous affirmons que Valérie Pécresse ment ! D’après des documents internes à Ile-de-France Mobilités et aux exploitants de bus que nous nous sommes procurés, la communication de l’autorité organisatrice est très éloignée de la réalité et mensongère. La situation est très préoccupante voire alarmante.
Les bus propres pour Paris, le diesel pour la banlieue
Au 1er mars 2025, près de 53% des véhicules étaient à motorisation diesel en Ile-de-France. Les bus carbonés (diesel et hybrides) représentent 65% des 10 670 bus et cars actuellement en circulation dans la région. Par ailleurs, d’importantes disparités existent entre Paris et la grande couronne. Ainsi, en grande couronne, 76% des bus et cars disposent d’une motorisation diesel. Les bus carbonés (diesel et hybrides) représentent 82% du parc en circulation. En grande couronne, seulement 1% des bus sont électriques…
La promesse d’une fin des bus diesel reportée à 2029… et qui ne sera pas tenue !
D’après nos informations, le nouvel objectif de suppression des bus diesel, reporté de 2025 à 2029, ne sera pas tenu. En effet, contrairement à ce qu’affirme Ile-de-France Mobilités, le rythme de livraison des bus neufs n’est pas tenu. Alors que l’autorité organisatrice communique sur l’arrivée de 1000 bus neufs par an, nous pouvons affirmer que cet objectif n’a jamais été atteint. La moyenne des livraisons approche 600 bus et cars par an depuis 2022.
Cette réalité a d’importantes conséquences sur la qualité de service, sur les suppressions de courses faute de bus en bon état, sur le développement de l’offre rendue impossible sur une majorité des réseaux, sur les coûts de maintenance, sur la consommation d’énergie et sur les salariés. Les exploitants de grande couronne, réunis au sein d’Optile, s’alarment du vieillissement du parc et du retard pris par les livraisons. L’âge moyen du parc de grande couronne progresse dangereusement, passant de 6,6 ans en 2019 à 8,7 ans en 2024.
Des bus vétustes, coûteux, polluants et de plus en plus dangereux
D’après les documents que nous avons pu recueillir, plusieurs réseaux n’ont pas été livrés d’un seul bus neuf pendant plus de 4 ans ! En grande couronne, plus de 25% du parc a désormais plus de 12 ans. Les coûts de maintenance explosent : +18% entre 2019 et 2024.
Faute de bus en état de circuler, plusieurs exploitants sont contraints de réduire l’offre de transport à l’image du réseau Val Parisis où jusqu’à 175 courses ont été supprimées chaque jour faute de bus en bon état. Face au retard pris par Ile-de-France Mobilités dans la commande de bus propres, des commandes de bus diesel sont intervenues récemment, contrevenant aux engagements pris par Ile-de-France Mobilités.
Autre élément tout à fait étonnant, le nombre de bus en circulation a diminué entre 2019 et 2024, avec 113 bus en moins. Cela est tout à fait contradictoire avec la communication, les créations et les renforts de lignes mais pleinement cohérent avec la baisse de l’offre, décidée pendant la crise sanitaire, et maintenue jusqu’à aujourd’hui sur certaines lignes. Il est également à noter que 45% des bus en circulation ne sont pas climatisés et qu’ils se concentrent… en banlieue !
Des incidents graves directement liés à la vétusté
Des incidents liés à la vétusté des bus se multiplient dont deux graves : dans la nuit du 24 au 25 mai 2025, un conducteur de bus de Keolis Evry Centre Essonne a été blessé après avoir perdu le contrôle de son véhicule. La vétusté du bus est mise en cause après cet accident, le conducteur a porté plainte. Autre cas, dévoilé par notre groupe, le 31 janvier 2025, un bus de Keolis Argenteuil Boucles de Seine est tombé en panne sur un passage à niveau à Sartrouville. Immédiatement, le conducteur du bus a mis en sécurité les usagers à bord et a tenté d’alerter les autorités et SNCF pour éviter une collision avec un train. Malheureusement, un train sans voyageurs se présentera quelques minutes plus tard et percutera le bus resté bloqué sur les voies ferrées. Cet accident grave a été passé sous silence.
Ile-de-France Mobilités en échec sur sa compétence directe
Cette réalité préoccupante est cachée par Ile-de-France Mobilités, propriétaire des bus et cars, responsable de leur entretien et de la transition énergétique. L’autorité organisatrice, qui déploie à tort une énergie monstrueuse pour privatiser le réseau de bus RATP, est donc pris en flagrant délit d’échec dans l’exercice de sa compétence et sur tous les aspects : achat des bus, transition énergétique et constructions/conversions de centres bus. Les transformations et créations de centres bus dérapent également avec des années de retard, une mauvaise gestion foncière, plusieurs recours et points de blocage (Chambourcy, Verneuil-sur-Seine, Carrières-sous-Poissy, etc.), voire le refus de permis de construire comme celui opposé par le Maire Renaissance de Tournan.
Face à ce fiasco retentissant, nous demandons à Valérie Pécresse de cesser la communication mensongère et de faire toute la transparence sur cette situation inacceptable pour les usagères, usagers et salarié·es des transports qui paient le prix fort… et subissent la galère.





