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Le 14 février, Ile-de-France Mobilités examinera une rallonge budgétaire considérable au bénéfice des entreprises qui opèrent les réseaux de bus de grande couronne. Il s’agit, pour l’autorité organisatrice, d’éponger les déficits des délégations de service public qu’elle a passé depuis 2020 en grande couronne. En effet, l’autorité organisatrice devrait voter une enveloppe d’au moins 137 millions d’euros supplémentaires au bénéfice de 32 délégations de service public. Cette rallonge s’ajoute à celles octroyées en 2023 et 2024, qui s’élevaient à près de 100 millions d’euros. D’après nos informations, des moyens supplémentaires seront débloqués en avril 2025 venant un peu alourdir la facture.

Ces abondements successifs viennent confirmer que les délégations de service public, telles que définies par Ile-de-France Mobilités, ne tiennent en rien les engagements pris publiquement par Valérie Pécresse. Pour rappel, la Présidente d’Ile-de-France Mobilités promettait 10% d’économies grâce à la mise en concurrence, économies qui avaient vocation à être redéployées en faveur d’une offre de transport supplémentaire. Or, il n’en est rien.

Ces rallonges démontrent que les économies promises ne sont pas du tout au rendez-vous. Pire, le dumping social induit par les critères économiques imposés par Ile-de-France Mobilités a fragilisé tout le secteur du transport routier de voyageurs.

Depuis 2020 et l’application des délégations de service public de « nouvelle génération », un réseau de bus sur deux a connu un mouvement social consécutif à une dégradation sensible des conditions de travail et salariales, directement liée aux critères économiques imposés par Ile-de-France Mobilités. Pour rappel, les salariés du réseau de bus de Cergy Confluence entament leur 13ème semaine de grève, mouvement consécutif à un changement de délégation de service public… dans une indifférence brutale qui n’aurait pas lieu si cette grève affectait Paris ou Versailles.

Par ailleurs, l’offre de transport sur les réseaux de bus de grande couronne se dégrade. Elle accuse au moins 2000 bus supprimés « officiellement » chaque semaine que nous pouvons comptabiliser avec l’information publiée pour les usagers ! De plus, des restructurations « sauvages » de réseau de bus ont privé de desserte certaines communes ou certains quartiers, toute la journée ou à certaines heures, au nom de l’équilibre financier des fameuses délégations de service public.

Avec le déblocage de ces enveloppes successives, Ile-de-France Mobilités acte l’échec de sa stratégie. La droite régionale tente, à grand renfort de deniers publics, de sauver son modèle de délégations de service public déficitaires, extrêmement coûteuses pour la collectivité et synonymes de dumping social. Il s’agit d’une nouvelle démonstration que le dogme du dumping social comme moteur de l’amélioration de la qualité de service est un mythe néfaste pour le service public, pour les salariés des transports et pour les usagers.

Pourtant, il était possible d’éviter cette usine à gaz coûteuse. Pour cela, la loi permet à Ile-de-France Mobilités de constituer une régie régionale publique des transports pour l’exploitation des réseaux de bus. Cette option a toujours été rejetée par la droite régionale, sans étude préalable ni argumentation. Or, la régie régionale constitue l’outil efficace pour renouer avec un service public de qualité, y compris en grande couronne.

Face au déni de réalité de la droite régionale, notre groupe poursuit son travail pour mettre en évidence le hold up d’argent public qu’est la mise en concurrence à la sauce Pécresse. Nous exprimons à nouveau notre très vive inquiétude concernant la privatisation de l’exploitation du réseau de bus historique de la RATP. Les cahiers des charges des futures délégations de service public sont similaires à ceux qui ont conduit la grande couronne dans le mur. Sans remise en cause urgente de la privatisation, le réseau de bus de la RATP connaîtra un fiasco social, financier et organisationnel douloureux pour les finances publiques, les usagers et les salariés. Plus que jamais nous portons la nécessité d’un moratoire sur le processus de privatisation des transports franciliens.

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