Le 1er avril 2021, la majorité régionale quittait la gestion publique de l’île de loisirs de Vaires-Torcy et faisait le choix de la privatiser en la confiant à un groupement via une délégation de service public. Ce consortium aux capitaux majoritairement privés – formé d’une société d’économie mixte (SEM) détenue majoritairement par la Région (48%), de Récréa (46%) et d’Engie (6%) – a été chargé de l’exploitation de cet écrin de verdure de 350 hectares pour une durée de 15 ans et 8 mois.
Dès les premiers mois du contrat, d’importants déficits se sont creusés en raison d’équipements défaillants obligeant la Région, propriétaire des équipements, à renflouer les caisses en 2021 et 2022 à hauteur de 1 945 000 euros. D’après nos informations, le paiement de ce protocole a été bloqué par la Direction Régionale des Finances Publiques pour une cause inconnue. Un second protocole pour éponger les dettes de 2023 est par ailleurs en cours de discussion et celles de 2024 feront très vraisemblablement l’objet d’une troisième transaction.
Site olympique et paralympique des Jeux de Paris 2024, l’activité de l’île a été fortement perturbée par cet événement pour lequel le groupement chargé de Vaires-Torcy a été indemnisé par le Comité d’Organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques, à hauteur de 1,7 million d’euros.
Malgré ces aides publiques, le poids des pertes financières vient de faire exploser le consortium. En effet, Engie et Récréa ont annoncé leur départ du groupement laissant les acteurs publics seuls face aux dettes. Ces départs engendreront d’importants frais d’indemnisation d’Engie et de Récréa dont les montants pourraient se chiffrer à plusieurs millions d’euros.
A ces futures indemnités, des factures conséquentes n’ont pas été honorées par le groupement dont 5,9 millions d’euros de facteurs impayées par le groupement à Engie. Ce dernier a engagé une procédure en référé devant le tribunal de commerce. D’après les documents comptables, d’autres factures dorment dans les tiroirs pour plus de 430 000 euros à la charge du groupement empêché de tout règlement en raison de comptes dans le rouge.
La survie de la délégation de service public et la liquidation de la SEM ne sont plus qu’une question de temps. Face à cette situation de crise, témoignage édifiant de l’échec de ce modèle de délégation de service public, l’exécutif régional débloquera dans l’urgence 6,5 millions d’euros les 18 et 19 juin.
Le 5 juin, notre groupe interrogeait l’exécutif régional face à la découverte de cette situation exceptionnelle. Aucune garantie quant à la continuité de service public ou la reprise des personnels n’a été apportée à ce jour. Nous interrogerons à nouveau l’exécutif régional en séance les 18 et 19 juin et avons déposé plusieurs amendements à ce sujet.
Ce gâchis d’argent public pourrait se reproduire prochainement. En effet, le 9 juillet 2025, la Région attribuera une délégation de service public, concernant cette fois-ci l’île de loisirs de Saint-Quentin-en-Yvelines. Un montage analogue est prévu faisant craindre un nouveau fiasco, coûteux en argent public et contraire aux intérêts des Francilien·nes.