Alors que la trêve hivernale débutera le 1er novembre, les données officielles pour l’année 2023 concernant les demandes de logement social en Ile-de-France ont été publiées récemment. Elles confirment que l’Ile-de-France s’enfonce dans une crise du logement sans précédent. Il s’agit d’une situation explosive.
Toujours plus de demandes, toujours moins de constructions
En effet, en 2023, le nombre de demandes de logement social en attente en dénombre 837 129. Cela représente une augmentation de 53 640 demandes sur un an (+6,85%). Le nombre de personnes en attente d’un logement social grimpe à 1 858 337, soit 106 462 personnes en plus en une seule année (+6,01%). L’Ile-de-France compte 100 000 demandes de plus qu’en 2020, soit 335 000 personnes en attente supplémentaires en seulement 3 années.
A ce constat s’ajoutent des politiques publiques orientées contre les plus pauvres à l’image du durcissement des sanctions contre les occupants de locaux pourtant vacants avec l’honteuse loi Kasbarian, contre les locataires confrontés aux impayés de loyers même minimes, la baisse de l’allocation personnalisée du logement à hauteur de 4 milliards d’euros depuis 2017, etc.
Toujours plus de communes carencées pour non-respect de la loi SRU
L’Ile-de-France compte désormais 67 communes hors la loi, soit 17 de plus que le précédent bilan triennal ! En effet, 67 collectivités* ne respectent pas l’obligation de disposer de 25% de logements sociaux, plus de 23 ans après l’application de la loi SRU. Ce nombre augmente. Certains édiles revendiquent même, jusque dans la presse, un droit à l’illégalité et au refus de construire du logement social.
Clause anti-ghetto, baisse des crédits : la droite régionale complice
Alors que 70% de la population est éligible à un logement social, niant la gravité de la situation et des millions de Francilien.nes mal-logés ou non-logés, la droite régionale a réduit de 55,8% les crédits de paiement dédiés au logement entre 2015 et 2023. Désavouée par l’Etat sur sa « clause anti-ghetto », la droite régionale persiste à vouloir stigmatiser les communes qui construisent du logement social au-delà du seuil minimal légal dans un contexte de pénurie historique.
Enfin, elle a réduit le taux d’intervention dans les rares projets de logements financés par la Région. Les subventions régionales atteignent même, sur certains projets, moins de 3% ce qui ne permet pas d’agir comme un levier favorable à la construction.
Face à cela, un plan d’urgence pour la construction de logements sociaux et très sociaux s’impose. Il doit reposer notamment sur des aides nationales à la pierre, le soutien aux bailleurs sociaux (notamment publics), le renfort des aides aux locataires mais aussi par la prise de sanctions, prévues par la loi, à l’encontre des Maires complices de cette situation qui constitue une véritable mise en danger de la vie d’autrui. La nomination de Valérie Létard, Ministre du logement, et la cure d’austérité ne devraient malheureusement pas apporter de réponse à cette crise majeure.