Le 10 puis le 15 août 2025, en pleine canicule et à une période de forte fréquentation, les forces de police sont intervenues dans l’espace de baignade de l’île de loisirs de Jablines-Annet (77) pour procéder à l’éviction d’une femme vêtue d’un burkini.
Dans ces deux cas, les évictions ont été précédées d’interpellations par haut-parleur faites par les équipes du syndicat mixte qui gère l’île de loisirs. Il est en effet attesté de l’usage, sur cette île, d’annonces par haut-parleur pour s’adresser à un usager et à l’ensemble des usagers de l’espace de baignade. Ces annonces sonores semblent parfois préférées à l’intervention directe des agents du syndicat mixte auprès des usagers. Cet usage peut être fait à mauvais escient avec, selon plusieurs témoins et articles de presse [1] [2], des annonces sonores zélées, parfois moqueuses voire stigmatisantes à l’encontre d’un individu comme de l’ensemble des usagers.
Dans les situations rencontrées les 10 et 15 août, les annonces sonores répétées n’ont pas permis de faire respecter le règlement intérieur. Or, le respect de l’interdiction du burkini et du règlement intérieur de l’île de loisirs ne doivent pas être propices à des situations stigmatisantes.
Alors que la droite régionale a fait de l’interdiction du burkini dans les îles de loisirs un totem politique, elle n’est pas parvenue à mettre en place les mesures garantissant le respect de cette mesure sans recourir à la force publique ou, dans le cas présent, à la stigmatisation par haut parleur.
Pourtant, les règlements intérieurs des îles de loisirs ont été modifiés à plusieurs reprises pour tenir compte des remarques de la Défenseure des Droits qui estimait, déjà en 2020, que les dispositions relatives à l’interdiction du port du burkini étaient susceptibles d’être discriminatoires. Ces règlements ont également été modifiés pour intégrer la charte de la laïcité régionale, dont l’article concernant les tenues des individus avait lui-même été censuré par le Tribunal administratif en novembre 2018 à la suite d’une action de notre groupe.
Afin de proscrire toute méthode susceptible de stigmatiser certains usagers, singulièrement à l’heure de l’augmentation des actes islamophobes dans notre pays, notre groupe a saisi la Défenseure des Droits afin que cette autorité administrative indépendante puisse se pencher sur les méthodes constatées dans l’île de loisirs de Jablines-Annet et puisse formuler des préconisations dans le but de protéger les usagers ainsi que les agents des îles de loisirs.
Pour notre groupe, l’application du règlement intérieur ainsi que l’interdiction du burkini ne peuvent pas justifier la stigmatisation d’usagères ou d’usagers. Afin de protéger les agents des îles de loisirs et ne pas créer de tensions inutiles avec les usagers, la mise en œuvre du règlement intérieur doit reposer avant tout sur la présence humaine au contact des usagers et un dialogue respectueux entre toutes les usagères et tous les usagers des îles de loisirs.
[1] https://www.leparisien.fr/seine-et-marne-77/ile-regionale-de-loisirs-jablines-annet-tensions-autour-de-linterdiction-de-la-baignade-habillee-16-08-2025-Q2V7YRPV4NEB5IZ5SHRTVF476E.php?ts=1755462745789
[2] https://www.liberation.fr/societe/a-lile-de-loisirs-jablines-annet-lhumiliation-par-haut-parleur-des-baigneurs-pas-assez-deshabilles-20250811_326IQYZKANHBXCYQRHDEHILGGA/