Ce 9 juillet 2025, la majorité régionale a confié la gestion de l’île de loisirs de Saint-Quentin-en-Yvelines à un consortium pour les 20 prochaines années. Cet écrin de verdure de 600 hectares – géré jusqu’à présent par les collectivités – sera transféré dès le 1er octobre 2025 au groupement UCPA, Dalia SAS, Bluegreen European Holding et la SEM Ile-de-France Loisirs.
Nous déplorons que seuls 19 agents soient repris par le délégataire, sur la quarantaine qui participaient au fonctionnement de cette île jusqu’à présent.
Ce groupement sera chargé d’animer les espaces et à créer de nouvelles activités, payantes. Ces activités constitueraient, selon le contrat signé avec le groupement, la première recette du délégataire. La facturation des activités aux usagers doit ainsi rapporter 465 millions d’euros en 2025 pour atteindre 575 millions d’euros en 2031, jusqu’en 2045. Le délégataire bénéficiera par ailleurs de subventions publiques (dont 16,9 M€ pour réaliser des investissements et 15,52 M€ pour compenser les obligations de service public).
Ce modèle économique éloignera de nombreux usagers des îles de loisirs, transformés en espaces récréatifs extrêmement lucratifs. Il semble également très optimiste, faisant craindre une prise en charge des déficits par la puissance publique et la captation d’éventuels bénéfices par les acteurs privés du groupement.
Ce scénario est exactement celui actuellement à l’œuvre sur l’île de loisirs de Vaires-Torcy dont la délégation de service public est sur le point de défaillir. Ce choix est d’autant plus incompréhensible que les acteurs privés ne partagent pas la stratégie de la droite régionale qui a récemment accusé deux procédures d’appel d’offres infructueuses pour l’exploitation des îles de loisirs d’Étampes et du Port aux Cerises.
Concernant Vaires-Torcy, le 1er avril 2021, la majorité régionale confiait à un consortium majoritairement privé – formé d’une société d’économie mixte (SEM) détenue majoritairement par la Région (48%), de Récréa (46%) et d’Engie (6%) – l’exploitation de cet écrin de verdure de 350 hectares pour une durée de 15 ans et 8 mois.
Dès les premiers mois du contrat, d’importants déficits se sont creusés en raison d’équipements défaillants (2 155 000€ en 2022 et 2 427 334€ en 2023) obligeant la Région, propriétaire des équipements, à renflouer les caisses en 2021 et 2022 à hauteur de 1 945 000€. D’après nos informations, le paiement de ce protocole a été bloqué par la Direction Régionale des Finances Publiques pour une cause non élucidée. Un second protocole pour éponger les dettes de 2023 est par ailleurs en cours de discussion : nous savons désormais que le déficit 2023 s’élevait à 2 427 334€. Le déficit de 2024 fera très vraisemblablement l’objet d’une troisième transaction.
Site olympique et paralympique des Jeux de Paris 2024, l’activité de l’île a été fortement perturbée par cet événement pour lequel le groupement chargé de Vaires-Torcy a été indemnisé par le Comité d’Organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques, à hauteur de 1,7 million d’euros.
Malgré ces aides publiques, le poids des pertes financières a fait exploser le consortium. En effet, Engie et Récréa ont annoncé leur départ du groupement laissant les acteurs publics seuls face aux dettes. Ces départs engendreront d’importants frais d’indemnisation d’Engie et de Récréa dont les montants pourraient se chiffrer à plusieurs millions d’euros.
A ces futures indemnités, des factures conséquentes n’ont pas été honorées par le groupement dont 5,9 millions d’euros de facteurs impayées par le groupement à Engie. Ce dernier a engagé une procédure en référé devant le tribunal de commerce. D’après les documents comptables, d’autres factures dorment dans les tiroirs pour plus de 430 000 euros à la charge du groupement empêché de tout règlement en raison de comptes dans le rouge.
La survie de la délégation de service public et la liquidation de la société dédiée à Vaires-Torcy ne sont plus qu’une question de temps. Face à cette situation de crise, témoignage édifiant de l’échec de ce modèle de délégation de service public, 6,5 millions d’euros ont été débloqués par la droite régionale le 18 juin 2025. Pourtant, aucune garantie quant à la continuité de service public ou la reprise des personnels n’a été apportée à ce jour.
Ce gâchis d’argent public pourrait se reproduire sur l’île de loisirs de Saint-Quentin-en-Yvelines. Le contrat et le montage analogue votés ce jour font craindre un nouveau fiasco, coûteux en argent public et contraire aux intérêts des Francilien·nes.