Le 9 juillet 2025, la majorité régionale a confié la gestion de l’île de loisirs de Saint-Quentin-en-Yvelines via une délégation de service public (DSP) à un consortium. Cet écrin de verdure de 600 hectares – géré jusqu’à présent par les collectivités – sera transféré dès le 1er octobre 2025 et pour 20 ans au groupement formé par l’UCPA, Dalia SAS, Bluegreen European Holding et la SEM Ile-de-France Loisirs.
Alors que Valérie Pécresse s’en félicite, nous déplorons les effets néfastes de ce choix, mis sous le tapis par l’exécutif régional.
Tout d’abord, la mise en place de la DSP n’a pas été concertée avec tous les occupants du site. Mi-juillet, la ferme pédagogique implantée sur l’île de loisirs depuis 1995 a été informée de son éviction au 1er octobre 2025. Immédiatement, les amis de la ferme ont enclenché une mobilisation exemplaire pour protester contre cette décision prise avec l’accord de la majorité régionale. Nous avions alors interpelé Valérie Pécresse par courrier le 24 juillet.
La mobilisation contre l’éviction de la ferme pédagogique a porté ses fruits ! En effet, un accord a été trouvé avec le délégataire afin que la ferme demeure sur son site historique. Après une tentative du délégataire de réduire les effectifs salariés de la ferme, celle-ci serait en passe de conserver ses effectifs. Il s’agit d’une bonne nouvelle après une mobilisation citoyenne et politique qui a fait reculer la droite régionale et son délégataire.
Par ailleurs, le basculement vers la DSP s’accompagne d’un plan social. En effet, seulement 19 agents sont repris par le délégataire. Or, le syndicat mixte qui gérait l’île de loisirs jusqu’à présent comptait 58 postes ouverts et 37 agents fin 2024. Nous dénonçons ce plan social passé sous silence et les conditions de reprise des personnels. Notre saisine de Valérie Pécresse à ce sujet, le 1er août dernier par courrier, reste à ce jour sans réponse de sa part.
Concernant le modèle économique de la DSP, le groupement retenu sera chargé d’animer les espaces et à créer de nouvelles activités payantes. Ces activités constitueraient, selon le contrat signé avec le groupement, la première recette du délégataire. La facturation des activités aux usagers doit ainsi rapporter 465 millions d’euros en 2026 pour atteindre 575 millions d’euros en 2031, jusqu’en 2045. Le délégataire bénéficiera par ailleurs de subventions publiques (dont 16,9 M€ pour réaliser des investissements et 15,52 M€ pour compenser les obligations de service public).
La maquette financière validée par la Région et son délégataire est également très optimiste voire illusoire. Alors que l’île de loisirs enregistrait, le meilleur mois de l’année, 33 828 entrées en juillet 2020 et 24 162 en juillet 2021, les hypothèses économiques de la DSP sont basées sur une fréquentation de 900 000 personnes par an.
Cette hypothèse difficilement tenable voire insincère fait craindre une prise en charge des déficits de la DSP par la puissance publique mais aussi des tarifs prohibitifs pour les usagers.
Ce scénario est exactement celui actuellement à l’œuvre sur l’île de loisirs de Vaires-Torcy dont la délégation de service public est sur le point de défaillir. Ce choix est d’autant plus incompréhensible que les acteurs privés ne partagent pas la stratégie de la droite régionale qui a récemment enregistré deux procédures d’appel d’offres infructueuses pour l’exploitation des îles de loisirs d’Étampes et du Port aux Cerises.
Concernant Vaires-Torcy, le 1er avril 2021, la majorité régionale confiait à un consortium majoritairement privé – formé d’une société d’économie mixte (SEM) détenue majoritairement par la Région (48%), de Récréa (46%) et d’Engie (6%) – l’exploitation de cet écrin de verdure de 350 hectares pour une durée de 15 ans et 8 mois.
Dès les premiers mois du contrat, d’importants déficits se sont creusés en raison d’équipements défaillants (2 155 000€ en 2022 et 2 427 334€ en 2023) obligeant la Région, propriétaire des équipements, à renflouer les caisses en 2021 et 2022 à hauteur de 1 945 000€. D’après nos informations, le paiement de ce protocole a été bloqué par la Direction Régionale des Finances Publiques pour une cause non élucidée. Un second protocole pour éponger les dettes de 2023 est par ailleurs en cours de discussion : nous savons désormais que le déficit 2023 s’élevait à 2 427 334€.
Le déficit de 2024 a quant à lui dépassé 2 millions d’euros. Ce déficit pour 2024 a été réduit grâce au versement au groupement chargé de Vaires-Torcy d’une indemnité de 1,7 million d’euros, par le Comité d’Organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques.
Malgré ces aides publiques, le poids des pertes financières a fait exploser le consortium. En effet, Engie et Récréa ont annoncé leur départ du groupement laissant les acteurs publics seuls face aux dettes. Ces départs engendreront d’importants frais d’indemnisation d’Engie et de Récréa dont les montants pourraient se chiffrer à plusieurs millions d’euros.
A ces futures indemnités, des factures conséquentes n’ont pas été honorées par le groupement dont 5,9 millions d’euros de facteurs impayées par le groupement à Engie. Ce dernier a engagé une procédure en référé devant le tribunal de commerce. D’après les documents comptables, 7,4 millions d’euros de factures dorment dans les tiroirs du groupement.
Ce gâchis d’argent public pourrait se reproduire sur l’île de loisirs de Saint-Quentin-en-Yvelines. Le contrat et le montage analogue font craindre un nouveau fiasco, coûteux en argent public et contraire aux intérêts des Francilien·nes. Nous déplorons ce choix de mauvaise gestion de la majorité régionale