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Le 10 juillet 2025, le Conseil d’Administration d’Ile-de-France Mobilités attribuera 4 nouvelles délégations de service public pour l’exploitation du réseau de bus historique de la RATP. Ces 4 lots concernent les secteurs autour des dépôts de bus de Nanterre, Point du Jour et Charlebourg (lot n°41, cœur des Hauts-de-Seine), de Villiers-le-Bel, Aubervilliers et Saint-Denis (lot n°43, nord de Paris et Centre Val d’Oise), de Thiais et de Créteil (lot n°46, cœur du Val-de-Marne) et des dépôts d’Ivry, Vitry désormais rattachés au dépôt de Villeneuve-le-Roi et au tramway T9 (lot n°47, Ouest Val-de-Marne).

Comme annoncé par La Lettre le 18 juin et sur les réseaux sociaux depuis le 14 juin 2025, les lots n°41, 43 et 46 seront attribués à trois nouvelles entités à créer par Cap RATP Ile-de-France, filiale de droit privé du groupe RATP. Le lot n°47 sera quant à lui attribué à une nouvelle entité à créer du groupe Keolis entrainant ainsi la sortie des dépôts d’Ivry et de Vitry du giron de la RATP.

Cette nouvelle vague d’attribution concerne 8 000 agents de la RATP et 40% du réseau de l’entreprise publique historique. Il s’agit d’un moment historique dans la fin du monopole de la RATP mis sur pied à la Libération. Les deux derniers lots, concernant Paris intra-muros, seront attribués en octobre 2025.

Comme pour la précédente vague d’attributions, des fuites entachent le processus d’attribution avec la divulgation des lauréats plus de 10 jours avant le communiqué officiel d’Ile-de-France Mobilités. L’autorité organisatrice est-elle devenue une passoire ? Cela interroge alors que le rôle des bureaux d’études et des cabinets de conseils s’accroît faute de moyens humains suffisants au sein d’Ile-de-France Mobilités pour mettre en œuvre ce processus kafkaïen. Il est à noter par ailleurs que les élus du Conseil d’Administration d’Ile-de-France n’ont pas, à cette heure, été informés et ne disposent d’aucun document.

Alors que la privatisation du réseau de bus exploité par l’EPIC RATP n’est pas une obligation européenne, Valérie Pécresse la poursuit. Elle ignore que 77% des Francilien·nes demandent un moratoire et un référendum sur la question (sondage IFOP / CGT RATP, avril 2025). Elle refuse obstinément d’écouter les Francilien·nes et de voir l’échec de la mise en concurrence des réseaux de bus de grande couronne : un échec patent et indiscutable.

Les promesses d’économies et d’amélioration du service faites par les partisans de la mise en concurrence ne sont pas du tout au rendez-vous. La dégradation des conditions de travail est réelle comme en témoigne la plus longue grève de conducteurs de bus depuis 1968, grève de 124 jours sur le réseau de Cergy-Confluence.

La qualité de service s’est dégradée sur la majorité des réseaux de bus de grande couronne avec un minimum de 2 200 bus fantômes du lundi au vendredi selon nos relevés. Les coûts explosent avec 100 millions d’euros de rallonges budgétaires accordées aux opérateurs privés en 2023 et 2024 par Ile-de-France Mobilités… et même 137 millions d’euros en février 2025 !

Valérie Pécresse refuse pourtant de remettre en cause le processus de privatisation des lignes de bus RATP. Elle refuse également de dresser un bilan sérieux et public de la mise en concurrence des réseaux de grande couronne, bilan demandé par notre groupe depuis des mois mais aussi par les opérateurs eux-mêmes.

Malgré un report du calendrier de la privatisation du réseau de bus afin d’éviter une catastrophe industrielle pendant les Jeux de Paris 2024, ce n’est toujours pas prêt ! Ile-de-France Mobilités n’est pas parvenu à ce jour à organiser la gestion opérationnelle du futur réseau de bus opéré par 13 entreprises distinctes, en lieu et place de l’unique RATP. Ainsi, de graves questions de sécurité et de sûreté restent sans réponse à ce jour et les incertitudes demeurent concernant les garanties salariales ou encore la coordination de l’information voyageurs.

Tout le monde sait que l’on fonce dans le mur mais personne ne veut enclencher le frein d’urgence ! Récemment, Pierre Mongin, ancien PDG de la RATP et homme de droite, n’avait pas de mot assez fort pour dénoncer la privatisation qu’il qualifie « d’absurdité idéologique ».

Face au fiasco annoncé, la mobilisation contre ce processus contraire à l’intérêt général continue. Le collectif Stop Galère poursuit ses actions et prendra de nouvelles initiatives dans les prochains jours, dont une réunion publique le 30 juin à Sarcelles. Par ailleurs, les syndicats des entreprises publiques et privées concernées démontrent chaque jour combien le dumping social casse les conditions de travail et de transports.

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