Depuis 2003, année de la création du festival, la Région Ile-de-France était un partenaire emblématique et historique de Rock en Seine. Unilatéralement, sans vote des instances régionales, Valérie Pécresse a fait le choix de rompre avec ce rendez-vous incontournable et international de la musique rock.
En effet, Valérie Pécresse a décidé de mettre fin au soutien financier régional pour l’édition 2025 du festival, aide qui s’élevait à 540 000 € en 2024. Cette subvention participait à l’organisation de l’événement mais aussi à l’acquisition de places mises à disposition principalement des lycéen·nes via l’application Labaz.
Cette décision intervient alors que l’édition 2024 de Rock en Seine battait son record de fréquentation avec 182 000 festivalières et festivaliers. La première journée de l’édition 2025 du festival confirme cet élan avec 35 000 participant·e·s.
La suppression de cette subvention a été confirmée sur les réseaux sociaux par la Vice-Présidente chargée de la culture, en réponse à une intervention du Président du groupe RN de la Région Ile-de-France et réaffirmée, hier, par le maire du 16ème arrondissement de Paris également conseiller régional. Après le retrait de subventions à la Marche des fiertés 2025, la droite régionale répond une nouvelle fois à une demande de l’extrême-droite. Elle réaffirme aussi sa volonté de peser sur les choix de programmation de tous les événements culturels aidés par la Région en recourant à une méthode de chantage financier.
L’extrême-droite et l’exécutif régional comptent ainsi protester contre la présence du groupe nord-irlandais Kneecap dont l’un des membres sera jugé en septembre dans son pays et est accusé d’apologie au terrorisme pour soutien au Hezbollah ce qu’il réfute. Or, en l’absence de condamnation, ce groupe s’est produit en France à l’occasion des Eurockéennes le 6 juillet et du Cabaret Vert le 17 août, avec l’aval du Ministère de l’Intérieur qui a convenu avec le groupe « d’un code de bonne conduite » après une procédure contradictoire. Ce code de bonne conduite a été respecté par le groupe lors de leurs précédentes représentations où aucun incident n’a été déploré.
Cette décision tardive et unilatérale de mettre fin à la subvention régionale vient donc sanctionner l’ensemble de la programmation et l’organisation de tout un festival dont la direction n’a pas cédé aux pressions pour déprogrammer ce groupe. Cette suspension constitue donc un avertissement et une pression supplémentaire sur les acteurs culturels dont la liberté de programmation devrait être mise au diapason de l’arbitraire droitier. Des artistes, à l’initiative de Massive Attack, ont d’ailleurs annoncé la création d’un syndicat pour défendre la liberté d’expression des artistes s’exprimant sur les agissements des forces militaires israéliennes à Gaza en indiquant que de nombreux musiciens étaient la cible de campagnes de harcèlement et de dénigrement.
Notre groupe dénonce le retrait de ce soutien régional, qui fait suite à celui de la ville de Saint-Cloud (92), et appelle Valérie Pécresse à reconsidérer sa position. Une telle rupture constitue un tournant dans la politique culturelle francilienne. Elle est dommageable tant pour un festival reconnu et incontournable que pour ses retombées touristiques, économiques et d’éducation à toutes les musiques. Elle créé également un précédent qui entaille la liberté artistique des organisateurs d’évènements culturels.